Rachel BRU

_Architect_

Ma formation

Mon parcours, je le dois à mon directeur d’école primaire, Monsieur DARCEL. Directeur d’une école de campagne, il avait à cœur de faire découvrir les métiers manuels à ses élèves. Régulièrement, il demandait à des adultes de venir nous montrer leur métier. Grâce à une cuisinière, j’ai aimé la ratatouille à 6 ans et à un menuisier, j’ai découvert que dessiner était un métier ! Ce monsieur, bien que je suis incapable de me souvenir, ni de son nom ni de son visage, nous a expliqué son métier tout un après-midi, nous a fait fabriquer une micro maison d’à peine 20 cm de haut mais surtout, nous a fait dessiner les gabarits sur du papier pour ensuite découper les planches et m’a expliqué que normalement, c’est un architecte qui dessine la maison et lui, il l’a construit. Mon futur métier était tout trouvé : j’allais être payée pour dessiner !

Déterminée dans ma voie, j’ai suivi le parcours général du Baccalauréat Scientifique, option Sciences de la Vie et de la Terre, puis j’ai intégré l’école d’architecture de Paris-Malaquais, au sein des Beaux-arts. J’ai donc été formée à avoir un esprit scientifique, rationnel, tout en apprenant à développer l’idée, le concept.

J’ai eu l’opportunité de travailler en parallèle de mes études. En grande distribution dans un premier temps ce qui m’a appris à gérer une équipe puis en agence d’architecture comme assistante d’architecte dans le but d’acquérir les méthodes professionnelles de l’acte de construire.

C’est en 2013 que je suis Habilitée à la Maitrise d’œuvre en mon nom propre et que je co-fonde l’agence Méandre-etc (www.meandre-etc.fr) avec Emmanuelle PATTE et Brigitte LAGARDE.

Mon parcours professionnel

Tous les étudiants aux études longues devraient passer par là : les petits boulots du week-end qui vous privent d’une partie de votre vie sociale mais qui vous motivent à continuer vos études car faire ça à vie, quand on cherche une stimulation intellectuelle, on ne s’y retrouve pas.

J’y ai pris tout ce que je pouvais :

Garder le sourire malgré la fatigue ou les clients désagréables ;
Accepter des tâches diverses et variées, plus ou moins éloignées de ma mission initiale mais qui « participent au bon fonctionnement de la société » (extrait de LA phrase du contrat de travail qui vous oblige à accepter toutes les missions telle quelle soit) ;
Dire OUI même quand on pense NON car les instructions sont comme ça ;
Gérer les plannings hebdomadaires d’une équipe de 60 personnes ;
Manager 25 personnes par jour avec leurs hauts et leurs bas ;
Satisfaire le client tant que faire se peut, avec les atouts mis à la disposition de l’équipe.

Puis il y a l’agence, celle qui m’a répondu un mercredi soir, alors qu’il ne devait plus y avoir personne.

J’ai eu la chance de tomber sur la responsable d’agence et non la secrétaire de direction qui avait pour ordre de remballer toutes les demandes de stage. Moi j’en cherchais un stage dit « stage libre » car j’avais fait ceux qui étaient demandés dans mon cursus mais là, j’avais du temps à perdre donc autant être utile et apprendre en même temps. J’ai répondu à une annonce qui datait ; l’agence n’avait plus besoin de personne. Mais comme le feeling est passé, Emmanuelle m’a dit de me présenter le lendemain. Mon mémoire de fin d’étude était repoussé d’un an donc j’étais disponible le soir même si besoin. En 24h, l’agence qui n’avait plus de besoin venait de signer une convention de stage de 2 mois. Il fallait donc m’occuper et par chance, il y avait un concours en train de se faire. C’était la dernière ligne droite donc grattage à fond ! Je n’avais jamais fait ça et on me donne le dessin des façades.

Le concours a duré 1 mois. Et puis après ? Il y avait 2 mois de stage… Mais il y avait un chantier en cours à l’agence et la chargée de projet était un peu sous l’eau. Je l’ai donc assistée à peine le concours rendu. Mais le chantier, c’est MON domaine !

Depuis toujours, j’ai aimé bricoler avec mon papa. Il m’a donné le goût de la bricol’ et des affaires salies en 2 secondes !

Le chantier de l’école de Pantin a été l’expérience la plus enrichissante de ma vie et surtout, elle est intervenue pendant mes études d’architecture ce qui m’a fait faire un boum incroyable dans mon apprentissage théorique. Quand tout devient concret, la lumière apparaît sur l’avenir que l’on se trace.

La veille de la fin du stage, Emmanuelle me demande si je préfère un CDD ou un CDI. Question bizarre non ? Après explication du pourquoi du comment, je lâche la grande distribution définitivement et je signe un CDI en tant qu’assistante chargée de projet en agence d’architecture en même temps que mon inscription en 5ème année d’école d’architecture.

En 4 ans, j’évolue d’assistante à chargée de projet responsable du pôle chantier de l’agence. Les projets se sont enchainés les uns après les autres, les uns pendant les autres. Je ne retrouve pas ce qui me racontent mes copains de promo. Certes il y a des « charrettes » mais on a un rythme de travail adapté à chacun de nous et les projets sur lesquels on bosse correspondent à nos aspirations. Mes 2 boss de l’époque décident de travailler chacun de leur côté puis de fermer l’agence pour monter chacun la leur. C’est donc après 4 ans chez eux qu’Emmanuelle nous demande, à Brigitte la secrétaire de direction et moi-même, de fonder une nouvelle agence. C’est donc parti pour la nouvelle aventure de méandre-etc !

Pendant toutes ses années et ses projets, je me suis faite la réflexion que les stagiaires de BTS qui venaient à l’agence ou les jeunes diplômés de BTS qui travaillaient sur nos chantiers étaient toujours en décalage par rapport à la réalité du terrain. En discutant avec eux, leurs professeurs étaient pour beaucoup des personnes non professionnelles du bâtiment donc n’avaient pas le recul dans l’apprentissage prodigué. Ayant toujours pris sous mon aile les stagiaires de l’agence car j’aime transmettre (et à ce qu’il parait, j’ai la patience qui va avec), j’ai intégré une équipe pédagogique du BTS Études et Économie de la construction (maintenant Management Économique de la Construction). Il est essentiel qu’un métier technique soit enseigné par des professionnels encore sur le terrain ou en partie. C’est grâce à Ghald qui a frappé aux portes de l’agence que j’ai intégré ce lycée des métiers du bâtiment. Il est enseignant en supérieur et avait besoin d’un projet support pour écrire un sujet d’examen ; il avait choisi la crèche BOTHA, projet dont j’avais fait le concours en arrivant et que je suivais en chantier quand il est venu chercher des informations. On a discuté de plein de choses et la vie a fait que j’ai intégré son équipe quelques années après cette première rencontre.

Être enseignante me plait énormément. Voir les étoiles dans les yeux des « gamins » au moment où ils comprennent enfin ce qu’on leur raconte depuis des moments n’a pas de prix. Et leur « merci madame, sans vous je n’aurai jamais eu le BTS » est la meilleure des récompenses. Mais il n’y a plus de conception architecturale (concevoir un contrôle n’est pas de la conception tel que je l’entends ;-) ).

Alors j’ai me suis lancée en freelance à côté pour garder ce pied dans la réalité et continuer d’être sur les chantiers. Et grâce à ce statut, j’ai pu aider quelques personnes en désespoir avec un dossier de déclaration préalable rejeté x fois. Même si ce genre de dossier reste simple, il n’en est pas moins qu’il demande des dessins techniques représentant l’existant et le projet (l’intention) qu’il est difficile de mettre sur le papier quand on ne l’a jamais fait.

Aujourd’hui, je ne souhaite plus travailler en agence comme avant. J’aime l’idée de découvrir de nouvelles personnes, des nouvelles méthodes, autre chose. Mais surtout, rendre service.

En ce moment j’accompagne plusieurs familles qui se sont réunies sur un terrain pour construire leur habitat passif. J’apporte le conseil, anime les réunions de conception et fait les dessins. Ce sont eux qui conçoivent ; je ne fais que cadrer et mettre sur le papier les idées.

J’aide les particuliers à réaliser leur projet de travaux en faisant leur déclaration administrative (PC ou DP), les professionnels en assumant la petite charge de travail ponctuelle mais de trop pour être exécutée à temps sans un coup de pouce…

Mes aspirations pour le monde construit

On sait que la filière de la construction est responsable en grande partie de la pollution actuelle sous toutes ses formes. L’action d’une seule personne ne renversera pas le phénomène mais si chacun met une pierre à l’édifice (si on peut dire), il peut au moins être ralenti voire plus.

Il ne faut pas être extrémiste dans son action mais juste équilibré et en accord avec soit même et ses possibles. Et si chacun dans sa mesure fait ce qu’il peut, alors on trouvera un équilibre.

Je ne pratique pas l’architecture écologique, ou environnementale ou « bio-quelque chose ». Juste une architecture intelligente qui écoute les besoins et les capacités du site et de l’usager.